Le printemps n'était pas encore là, mais on pouvait voir que le soleil faisait une apparition délicate dans le ciel d'Ayalon. Si l'astre diurne brillait, il résidait néanmoins une atmosphère encore humide et donc pas vraiment agréable pour le moment. Si l'automne et l'hiver ont été une source d'inspiration pour l'étudiante, Alina était sûre que le printemps et l'été en seront tout autant. Voir le paysage changer au gré des saisons prenait aux tripes de la jeune femme. C'est comme si elle se sentait appartenir à ce petit coin de paradis. Elle y avait trouvé sa place même si celle-ci était encore minime. Pour cette nouvelle année, Alina avait bon espoir que les choses iraient mieux. Elle avait retrouvé ce frère dont sa mère lui avait parlé et entamé un rapprochement qui prendra du temps. De cela, Alina en était sûre. Après tout, elle tombait dans sa vie comme un cheveu dans sa soupe. Si lui n'avait pas de souvenir de sa mère et un sentiment de rancune, Alina ne pouvait pas le suivre sur ce chemin même si elle a éprouvé une certaine colère quand sa mère lui a appris le lourd secret qu'elle trimballait depuis tellement longtemps. Au final, Alina n'était pas concernée, mais son frère oui.

Pour débuter sa nouvelle année comme elle le souhaitait, Alina devait trouver un petit studio. Une colocation peut-être. N'importe quoi qui pourrait lui faire un peu plus apprécier son temps ici. Vivre en résidence étudiante, c'était pas mal, mais faire de la cuisine lui manquait. Avoir son propre cocon et pouvoir, peut-être, avoir un animal de compagnie pour combler sa solitude serait parfait. En résidence étudiante, ce n'était pas possible et Alina avait besoin de la présence d'un animal pour supporter le stress et le poids des émotions qui peuvent habiter les jeunes de son âge. Après tout, plus les années s'écoulent et plus les gens doivent faire face à un certain niveau d'anxiété loin d'être agréable. Alina ne voulait pas tomber dans une mauvaise spirale alors, elle prenait les choses en main. La jeune femme savait ce qu'elle devait faire et c'est pour ça qu'elle avait préparé quelques affiches pour trouver un logement. Elle avait de quoi payer non seulement avec ses économies, mais aussi avec son travail à mi-temps.

Entrant dans un café, Alina se dirige vers le tableau d'affichage. Avant d'accrocher sa feuille, elle regarde s'il n'y a pas des propositions alléchantes pour une colocation ou une offre de logement. Cependant, la colocation lui faisait peur. C'était tellement mieux avec des gens que l'on connaissait, on savait forcément à quoi s'attendre. Tandis qu'avec des étrangers, les choses étaient différentes et sur le fil du rasoir. Incertaine en un mot.    

- Ostie de colisse de ciboire à marde de criss de technologie qui chie dans la pelle! (Bordel de technologie de merde qui ne vaut rien). Du papier et un crayon ça fait la job!

La voix la sort un peu de ses réflexions. C'était bizarre d'entendre ce langage dans un coin pareil. Mais Alina pouvait percevoir le côté québécois très nettement. L'un des élèves de sa mère venait de ce petit coin et donc, elle pouvait un peu comprendre que quelque chose agaçait la personne qui venait de prononcer ces mots. Alina avait un niveau très scolaire, le français, elle le comprenait un peu. Assez pour échanger avec quelqu'un même si cela peut être un peu compliqué et maladroit. En fait, Alina s'en sortait bien mieux avec l'italien qu'elle connaissait sur le bout des doigts.

- Hello monsieur Smith... Cumputer fuck solide... My english est pauvre en ciboire....

Accrochant sa feuille sur le tableau, l'oreille d'Alina est encore attirée par cette voix à l'accent particulier. Amusante dans un sens, mais pas désagréable non plus. Se tournant vers l'homme qui a clairement des difficultés à parler, la jeune femme l'observe, le jauge en tentant de comprendre ce qu'il se passe. Les autres clients doivent être perdus sans savoir quoi faire. Pourquoi leur en vouloir s'ils ne comprennent pas un traître mot.

Finissant par s'avancer, Alina s'approche de l'homme en question. Assez jeune malgré sa voix. De dos, elle n'aurait jamais imaginé un tel physique. Comme quoi, il ne faut pas se fier uniquement à son oreille. « Euh… Excusez-moi… Puis-je vous aider ? » Son français est un peu hésitant et on y ressent clairement un accent. Pourquoi ne parle-t-il pas italien bon sang ! Là, Alina aurait réussi haut la main. « Un problème ? » Ce n'était même pas vraiment une question, mais plutôt une affirmation. 


« Dialogue en français »
« Dialogue en anglais »

Spoiler:

En venant ici, Alina ne pensait pas devoir tendre la main vers un homme qui se trouve en difficulté avec son interlocuteur. Mais la jeune femme n'est pas du genre à tourner le dos. C'est un caractère qui touche beaucoup, mais qui pousse d'autres personnes à abuser de cette gentillesse. Des personnes toxiques qui ne vous veulent que pour elles. Mais quand on prend conscience de tout ça et que l'on ose dire non, alors là, ces personnes se permettent de déverser leur venin mensonger et de faire tout pour vous ruiner. Cependant, Alina est une jeune femme assez forte pour ne pas s'en laisser découdre. Elle a du répondant et il lui arrive de jeter un regard plus que glacial qui freine les ardeurs de ces individus.

S'approchant de la table où se trouvait la personne en difficulté, la photographe tente dans un français hésitant et scolaire de savoir ce qu'il se passait. Au début, l'homme semble perdu en tournant son visage vers elle. Dans un premier temps, Alina se dit que peut-être, son accent rend son français difficile à comprendre, ce qui peut être normal. Ce n'est pas une langue qu'elle pratique souvent. Lors de ces appels à Antonella, c'est l'italien qui passait la frontière de ses lèvres. Une langue chère au coeur de la jeune femme et qui lui offrait une douce chaleur.

- Минем ата-бабаларымның сакалы белән! Ул Галадриел ханымнан бөегрәк ... (Par la barbe de mes ancêtres! Elle est plus magnifique que Dame Galadriel...)

Arquant un sourcil, Alina le regarde. Il ne lui semblait pas reconnaître cette langue, bien que celle-ci semblait lui dire quelque chose. « Pardon, mais je n'ai pas compris. » Alina a cru percevoir le mot Galadriel et la seule qu'elle connaissait appartenait à la trilogie d'un film qu'elle pourrait regarder encore et encore. « Vous pouvez répéter… Doucement… »

- Oh oui j’ai besoin d’aide en criss (beaucoup). Mon logiciel de traducteur est plus mort qu’un Uru-Khai qui s’est trop approcher d’une forteresse naine… J’ai un gros client qui ne parle qu’anglais et je parle que français et italien que ma voisine sur la terre m’a appris…

Prenant place à côté de lui, Alina l'écoute avec attention décortiquant autant que possible chacun de ces mots. « Italien ? Je parle très bien l'italien. » Fit-elle soulagée pour le coup se disant que la communication entre lui et elle se fera de façon plus fluide.

- Oui il veut des amures. J’ai besoin de comprendre les grandeurs, les modifications et tout…

Hochant la tête, Alina décide de jouer les interlocutrices pour prendre les informations utiles au client de l'homme qui semble se rassurer que la commande puisse se poursuivre. Observant les photos, Alina transmet ce que le client souhaite à l'homme qui pouvait enfin souffler un peu. Cette fois-ci, la personne a eu la chance de son côté, mais cela ne sera pas toujours le cas. Surtout que l'informatique peut être si capricieuse par moment.

- Je vous embrasserais les pieds pour cette aide divine! Merci je vous tant un fier service!

La communication à présent coupée, Alina tourne son visage vers l'homme et lui sourit avec douceur. « Pas la peine d'aller aussi loin. » Fit-elle en italien. L'homme pouvait percevoir qu'il n'y avait que peu voir pas du tout d'accent lorsqu'elle s'exprimait en italien. « Je vous remercie déjà pour le chocolat chaud. » C'est d'ailleurs étrange qu'il ait opté pour cette boisson et non pour un café. C'est comme s'il l'avait deviné.

- Aedan Tremblay pour vous servir. Demander et vous recevrez si je peux…

Tendant sa main, Alina finit par serrer celle de l'homme. « Alina Flemming, enchanté. » Elle lui sourit avec chaleur avant de prendre une gorgée du chocolat chaud qu'il avait eu la gentillesse de lui prendre. « Ce n'est pas la peine, je voyais bien que vous aviez du mal. » Parler en italien, c'est tellement plus fluide et chaleureux pour Alina. Son regard se porte sur le book des créations de l'homme à ces côtés. « Vous êtes doué. Je vois que vous aimez ce qui est de l'univers médiéval et fantaisie. » Alina a toujours été admirative de ceux qui savaient créer. Il fallait tellement de patience, de minutie, de la créativité, mais aussi de la connaissance. « Vous parliez quelle langue avant ? Cela m'a dit quelque chose, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. » Elle réfléchit longuement. « Pardon, mais ça m'a rappelé la langue parlée des nains du seigneur des anneaux ou dans le hobbit. » Elle rit un peu gênée. « Désolé, j'ai regardé à nouveau les deux trilogies, il n'y a pas longtemps. » Fit-elle en rougissant avant de regarder à nouveau le book.


« Dialogue en français »
« Dialogue en anglais »
« Dialogue en italien »

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